Il est possible de compenser vos émissions de carbone, dues notamment à votre trajet en avion. Bien entendu, cela n’annule pas l’impact de vos déplacements, mais vous permet d’en compenser les méfaits en soutenant un ou des programmes de réduction des gaz à effet de serre. Nous avons effectué pour vous une sélection parmi les différents organismes européens de vente de crédit carbone. Voici ceux que nous vous recommandons :

Le transport aérien

Contexte global

Depuis le protocole de Kyoto en 1992, le CO2 d’origine anthropique est reconnu comme étant un des gaz à effet de serre (GES), jouant un rôle important dans le réchauffement climatique. Le tourisme a une part importante dans le processus puisqu’il représente à lui seul 5% des émissions mondiales de CO2. Les ¾ de ces émissions étant liées au transport (et notamment à l’aérien).

Impact de l’aviation sur les changements climatiques

L’influence de l’aviation sur le changement climatique est de plusieurs natures. Le GIEC a identifié trois phénomènes ayant un impact sur le changement climatique.

La modification de la quantité des gaz à effet de serre dans l’atmosphère de manière directe (CO2) ou indirecte (oxydes d’azote)

Le CO2 est un des principaux produits de la combustion du kérosène. Sa production est reliée à la masse de carburant par un ratio constant : une tonne de kérosène produit toujours 3,04 tonnes de CO2. Les oxydes d’azote (NOx) ne sont pas des gaz à effet de serre, mais ils interviennent de manière indirecte sur le changement climatique. Ils sont responsables de la création d’ozone et de la destruction du méthane, tous deux sont des gaz à effet de serre. Les émissions mondiales de CO2 générées par l’aviation représentent aujourd’hui entre 2,2 et 3,2% des émissions mondiales liées aux combustibles fossiles.

La formation de traînées de condensation

Associées aux émissions de vapeur d’eau, les émissions d’oxydes de soufre et de particules entraînent la formation de traînées de condensation. Celles-ci couvrent environ 0,1% de la surface de la Terre. Similaires à de fins nuages d’altitude, elles réchauffent l’atmosphère par leurs propriétés optiques.

La modification de la nébulosité des cirrus

Lorsque les traînées de condensation deviennent persistantes, elles se transforment en cirrus, des nuages d’altitude qui recouvrent de manière naturelle environ 30% de la surface de la Terre. Les cirrus produits par les traînées de condensation recouvriraient entre 0% et 0,2% de la surface du globe.

Augmentation du trafic aérien

On observe globalement une augmentation du nombre de touristes, de l’ordre de 6 à 7% par an depuis 2015. Cela a logiquement des répercussions directes sur les émissions de CO2. Selon des projections de la tendance actuelle, la part des émissions de CO2 de l’aviation pourrait monter à 22 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2050.

Le transport aérien avec ses 700 millions de tonnes de CO2 émises dans le monde est responsable d’au moins 2% des émissions de CO2 de la planète. Si le transport aérien était un pays, il serait le 7ème plus grand pollueur au monde. Si l’on prend en compte les autres pollutions, en plus du CO2, le transport aérien est responsable de 5% des changements climatiques liés aux activités humaines en raison de ses émissions d’oxydes d’azote (NOx), de dioxyde de soufre (SOx) et des trainées de condensation qui réchauffent la surface de la Terre.

Responsabilité des transporteurs aériens  

Les transporteurs aériens mettent en avant les avancées réalisées en termes de consommation par passager kilomètres (allègement des avions, amélioration des moteurs et de la gestion du trafic aérien). Mais ces progrès sont largement annulés par l’augmentation du nombre d’avions et des kilomètres parcourus.

De plus, contrairement aux carburants automobiles, le kérosène des avions n’est pas taxé, ce qui est loin d’inciter les transporteurs à voir leur consommation à la baisse !

La compensation carbone  

La compensation de nos gaz à effet de serre a pour objet de contrebalancer une partie des nuisances générées par notre mode de vie. Compenser un déplacement consiste à évaluer la quantité de Gaz à Effet de Serre (GES) émise pour ce déplacement et à financer un projet censé diminuer de la même quantité les émissions de GES.

Pour les particuliers, la compensation carbone consiste en un acte volontaire du consommateur. Les sommes récoltées sont gérées par des organismes privés, dans un secteur non-règlementé, qui établissent individuellement leur propres critères. Ces organismes initient ou délèguent des actions de terrain visant à stocker du carbone ou supprimer/remplacer des activités générant des GES. D’où le terme de compensation.

L’éco-responsabilité des voyageurs  

En 60 ans, notre mobilité individuelle est passée de 1500 à 4500 km par an. Le monde s’ouvre à nous, alors comment ne pas avoir envie de le découvrir ? Cela est tout à fait compréhensible, mais en adoptant un comportement responsable :

  • En limitant les trajets en avion et/ou en optimisant ses trajets en préférant le train dès que cela est rendu possible,
  • En augmentant le temps passé sur place,
  • En compensant le carbone émis. Cette compensation est volontaire. Attention: la compensation constitue tout au plus un moyen d’atténuer les effets de notre mode de vie. Il ne s’agit pas de surconsommer en imaginant de quelques dizaines d’euros suffiront à gommer nos excès !

Comment ça marche ?  

La démarche de compensation comporte trois étapes :

  1. Le calcul des émissions de GES du demandeur.
  2. La conversion en coût de compensation et la proposition d’un projet de réduction de GES à soutenir.
  3. Le suivi et le contrôle du projet, car le client doit avoir la garantie de la réalité du « gain de CO2 » obtenu grâce à son financement.

Qui sont les organismes ?  

Toujours de statut privé, certains sont à but lucratif, d’autres non.

Comment évaluent-ils la valeur de vos émissions ?  

Ce secteur vivant en marge du marché réglementé, le prix de la tonne est fixé selon le bon vouloir de chaque organisme, qui dispose de ses propres critères. Aujourd’hui, il existe différents sites permettant de faire en ligne une simulation pour évaluer la masse des GES à compenser en fonction d’un déplacement (ou de tous nos actes de la vie quotidienne). 

Les critères de sélection des projets  

Pour qu’une compensation soit supposée efficace, donc réelle, il faut réunir au minimum deux conditions :

  • Un projet de qualité (pérennité, bénéfices sociaux et environnementaux, mesurabilité des gains de CO2…),
  • Que le principe d’additionnalité soit absolument respecté; c’est-à-dire qu’il faut être certain que le projet financé, non seulement va permettre une économie d’émissions de GES, mais que cette économie n’aurait pas pu exister sans que le projet soit (co)financé par le programme de compensation.

Financer quel type de projet ?  

  • Les programmes de (re)forestation pour piéger du CO2.
    Planter des arbres ne fait que déplacer le problème dans le temps, et dans l’espace, puisque nous produisons du CO2 ici et maintenant, et plantons là-bas pour demain…On cherche à mettre en parallèle, des cycles de carbone différents, qui ne sont ni synchrones, ni de même nature. Si ce moyen est le moins sûr, c’est aussi le moins cher à mettre en œuvre. De plus, il est plus facile de communiquer sur des hectares que des kilowatt/heure immatériels.
  • Les programmes de développement des énergies renouvelables ou liés à l’efficacité énergétique.
    Ce type de programme permet de produire des énergies renouvelables à la place des énergies fossiles. Ces deux domaines sont donc bien plus recommandables. En termes de compensation d’émissions de GES, ils assurent en effet la conversion de l’argent donné en non-émission de GES.

Les certifications

  Les projets à financer sont généralement certifiés. Les certifications varient. En voici les principales :

  • Le certificat MDP – ou Mécanisme de Développement Propre.
    Totalement indépendant des prescripteurs, des vendeurs de projets, des réalisateurs de projets, le certificat est attribué par la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
  • Le label Gold standard.
    Ce dernier dépend d’une fondation Suisse initiée par WWF, SSN, Helio international et est soutenu par plus de 60 ONG. Les exigences de Gold Standard vont plus loin qu’un projet MDP en imposant par exemple le critère d’additionnalité pour les projets à petite échelle.
  • Le VCS (Voluntary Carbon Standard).
    Il est dirigé par un comité constitué de membres d’ONG, de cabinets d’expertise, d’associations d’industriels, de développeurs de projets et de clients de la compensation.
  • Le standard VER.
    Il a été développé par Tüv Süd, un cabinet d’expert, qui finance en partie son fonctionnement. Le comité de Tüv Süd compte 4 membres qui supervisent et gèrent les critères du standard VER+.

Les labels MDP et Gold Standard nous paraissent être les plus contraignants des standards, le label Gold Standard étant le plus complet. Ils se soucient des impacts et des bénéfices sociaux et environnementaux des projets. Les autres labels restent néanmoins dans une démarche de qualité poussée et recevable.

Les organismes de vente de crédits carbones  

Il existe beaucoup d’organismes de vente de crédit carbone. Nous en avons listé quelques-uns et effectué une étude comparative sommaire basée sur un exemple concret : un trajet Aller/Retour en avion Paris/Bangkok en Thaïlande.

Tableau comparatif des organismes de vente de crédits carbone

Greentripper(CO2logic)GoodPlanet CarbonFootprint Atmosfair MyClimate
StatutEntrepriseFondation Entreprise Non-profit organizationFondation
Siège socialBelgiqueFrance  UKAllemagneSuisse
Emission CO2 (Tonnes)4,184,142,526,163,1
Prix50,55 €80 €17,8 €à 45,5 € (selon projet)142 €74 €
% des sommes (HT) versées en ligne réservée aux projets de compensation Non Renseigné93%Non Renseigné  91%80%
Standards / labelsGold Standard Non renseignéVSCGold StandardGold Standard principalementGold StandardVER

Les limites du concept de compensation carbone

  La compensation carbone a ses limites :

  • Compenser ses émissions de CO2 n’annule pas les autres pollutions générées par nos transports, dont on ne connaît pas toujours les effets (protoxydes d’azote, hydrofluorocarbures, etc.).
  • Il ne sera jamais possible de stocker les volumes permettant d’atteindre les objectifs de Kyoto, même en cumulant toutes les solutions techniques dont le coût croit exponentiellement avec la technologisation et les volumes à traiter.
  • Les organismes de compensation étant non-contrôlés, on voit poindre la concurrence à celui qui évaluera nos émissions les plus basses pour un même déplacement et qui proposera la tonne la moins chère…